Le Saxophone

à travers le Jazz

Historique du saxophone 1/3

Dans la famille Sax, je demande le père...

Portrait d'Adolphe Sax

Adolphe Sax, de son vrai prénom Antoine-Joseph, voit son père, menuisier-ébeniste joueur amateur de serpent dans un orphéon de Dinant en Belgique, se reconvertir en facteur d'instruments en 1815. Doux rêveur, ses inventions partent toujours d'une idée un peu foldingue, comme par exemple cet orgue de la taille d'un wagon censé récupérer la vapeur des locomotives pour faire mugir les trains dans la campagne...

Il prendra la relève de son père et deviendra rapidement reconnu pour la qualité de ses clarinettes basses. Amoureux fou de musique et agressé par le son des harmonies municipales et des fanfares militaires, il crée une myriade de nouveaux cuivres qu'il classe en deux familles :les saxhorns et les saxotrombas. Puis, dans les années 1840, il crée le saxophone, instrument à vent à anche simple, avec une embouchure de clarinette, un corps métallique en forme de tube conique creux plié de manière parabolique et un système de clé copié sur celui du hautbois. Immédiatement, le nouvel instrument en enthousiasme plus d'un : le lieutenant général comte de Rumigny, aide de camp de Louis-Philippe, lui voit un indéniable intérêt pour la musique militaire et Berlioz tombe amoureux de cet instrument parfaitement adapté à ses aspirations romantiques et émesurées.

Après son installation à Paris en 1842, Adolphe Sax dépose brevets sur brevets, pour des instruments bizarres à pavillons multiples, des clairons, des trompettes, des cornets, des saxhorns et des saxophones qu'il améliore au cours du temps. Parallèlement, il joue la star médiatisant, avec les moyens de l'époque, toutes ses trouvailles.

Elève saxophone : peut mieux faire

Toutefois, le succès du saxophone et des instruments de Sax n'est quasiment que militaire. Si Adolphe Sax réussit à obtenir un décret qui les impose dans les fanfares régimentaires, les saxophones ne trouveront pas de places dans les formations symphoniques. Ces-dernières ont trouvé leur équilibre définitif avec les formations romantiques et même Sax et ses inventions révolutionnaires ne parviendront pas à le faire changer. Rossini fait l'éloge de l'instrument mais ne daigne pas écrire une note pour lui et Berlioz ne l'utilisera pas beaucoup plus que pour son Te Deum. Des quatorze saxophones que Sax avaient crées, il ne subsiste aujourd'hui que les sept instruments dont Sax avaient adapté la tonalités pour qu'ils s'adaptent aux formations de fanfares. Mais la révolution de 1848 obstrue la voix du succès dans laquelle s'est engagé Sax. Ses orientations politiques passées le rendent indésirables à la seconde République. Il s'y réengage avec le second Empire mais la guerre de 1870 et la Commune le font de nouveau sombrer vers la faillite.

Au début des années 1880, la maison Adolphe Sax and Cie survit tant bien que mal et son fondateur aussi. Adolphe Sax fabrique les trompette d'Aïda pour la création de l'opéra de Verdi.

Avant sa mort le 7 février 1894, Adolphe Sax aura le plaisir de voir le saxophone se faire offrir quelques lettres de noblesse avec L'Arlésienne de Bizet, Hériodade de Massenet ou Les Noces de Prométhée de Saint-Saëns mais son invention n'aura jamais conquis la foule des compositeurs contemporains à sa création.